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Balises: contemporary arts
Lu dans le Monde du 8 février 06 article d'Adrien de Tricornot, sur la manipulation d'audience et de référencement à laquelle se livreraient des entreprises comme BMW ou Ricoh. Google en effet les accuse de truffer de mots-clés, invisibles par l'utilisateur, tels que "voiture d'occasion" pour BMW, des pages "satellites", fraudant et gonflant ainsi leur audience...
L'intéressant est que Google n'a d'autre choix que de déréférencer et d'inviter ces sites indélicats "à s'engager moralement -juridiquement, BMW comme les autres ne sont pas répréhensibles - à ne plus utiliser de procédés du type "pages satellites"" .
Voir le site de Matt Cutts, ingénieur de Google :
http://www.mattcutts.com/blog
Vouloir être une voiture de référence conduit à quelques liberté avec l'éthique ...
Cet article fait suite à d'autres des 25 et 27 janvier beaucoup plus préoccupants sur l'autocensure de Google. Celui -ci va lancer, dans le courant de la semaine, une version chinoise de son moteur de recherche (Google.cn) après avoir accepté de censurer des liens avec certains sites dont l'accès est interdit par les autorités de Pékin, affirme le Wall Street Journal dans son édition en ligne.
Le Page Ranking et la censure font apparemment bon ménage....sur le dos de l'éthique !
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Ethique de l’Internet. EW3
Rencontres franco-italiennes 2005 - Rome / Venise
Juin /octobre 2005
Le service culturel de l’Ambassade de France à Rome a organisé le 17 juin 2005, à Rome, une première journée du colloque franco-italien EW3 sur l’Ethique d’Internet, suivie de deux jours les 28 et 29 octobre à Venise. Ces trois jours de débats pluridisciplinaires ont permis de poser les questions fondamentales d'éthique qui accompagnent l'émergence d'une nouvelle culture d’innovation et de création en réseau, à tous les niveaux de l’architecture physique de l’Internet, des capacités logicielles comme du développement sans précédent des services et des contenus du Web.
Ces journées de rencontres franco-italiennes ont été menées, sans concession, sous le signe d'un avenir numérique complexe à discerner et à construire, tâche combien exaltante. Pour de nombreux orateurs, le débat éthique ressortit à la notion de liberté en jeu à l’ère numérique, avec l’émergence de nouveaux « biens communs ». La référence en fond de débat était le travail de Lawrence Lessig (« L’avenir des idées », publié au PUL), relayé par les ouvrages de Philippe Aigrain (« Cause commune »), de Florent Latrive (« Du bon usage de la piraterie »), de Gérard Wormser (Revue « Sens Public ») ou de Franco Carlini (Totem) et Davide Bennato sur l’éthique des blogs (La Sapienza).
La première journée de juin à Rome, avait donné les fondements euristiques d'une réflexion sur les limites à tout niveau (cognitif, logiciel et sémantique) des logiques de vérité et de falsification ou de manipulation possibles en oeuvre sur ce média (Gemma Marotta, La Sapienza). La notion cognitive interpersonnelle de « confiance » était au cœur des réflexions de Gloria Origgi. Les communications de Jean-Max Noyer (Université Paris VII) et Nicola Guarino (CNR) sur les ontologies et le web sémantique ont permis d’entrevoir les pouvoirs accrus de l’Internet du futur dans la recherche de connaissances complexes.
Des pistes fonctionnelles, sociologiques, juridiques (Gérard Haas), ont été évoquées pour parer ces difficultés croissantes qui grèvent la confiance dans l'Internet, l’intégrité des contenus et la sécurité des services. L’approche de Michel Riguidel (ENST) sur l’informatique quantique et la sécurité était de haut niveau prospectif.
*****
Les deux journées de Venise sur l’esthétique et l’éthique de la gouvernance ont prolongé cette réflexion, faisant apparaître clairement les limites de régulations du marché, sinon de réglementation politique, qui ne prendraient pas en compte la spécificité universelle de ce nouveau média. De fait les enjeux de liberté, d’innovation, de création ouverte par l’Internet se heurtent à des conceptions de contrôle public autant que privé, héritées des médias physiques et des droits afférents. Une conception du bien commun nouveau que représente l’Internet reste donc à fonder et à affirmer, dans les valeurs les plus fondamentales des sociétés modernes.
La création esthétique sur Internet, est le fait de Netartistes (Christophe Bruno, Jean-Pierre Balpe, Grégory Chatonsky, Lorenzo De Tomasi et Giovanni Ansceschi), qui expérimentent de nouveaux territoires (là encore entre fiction et réalité du monde informationnel). Elle bouscule les modèles économiques et juridiques existants dans la diffusion, prépare de nouveaux "biens communs" culturels à partir de ressources libres. En parallèle, l'exigence de standards et de normes plus universels ne doit en aucun cas, bien au contraire, amoindrir les chances de diversité culturelle que doit promouvoir le net, aussi transgressives qu’en soient les formes (Franco Berardi/« Bifo », Tommaso Tozzi). Paradoxalement, le NetArt appelle un nouveau « partage du sensible », par de nouvelles intrications entre réalité sociale et pouvoir de fiction.
La dernière journée a synthétisé de nombreuses approches philosophiques (Paul Mathias, Joëlle Zask, notamment avec la nécessaire référence pragmatique), sociales, organisationnelles de la "gouvernance" d'Internet et par Internet, façon souvent ambivalente de montrer que des formes inédites de responsabilité culturelle, sociale ou politique sont impliquées dans le moindre acte du réseau. Là encore, le lecteur final, actif, numérique, la « communauté des lecteurs », devrait se voir reconnaître de nouveaux droits (Alain Giffard).
Ce colloque a pu approfondir les relations franco-italiennes dans ces secteurs technologiques et culturels, grâce aux partenariats avec les Universités de La Sapienza (Alberto Abbruzzese, Marcello Serra), l’IUAV de Venise (Paolo Fabbri, Carlo Grassi) et celle de Vérone (Davide Rocchesso) mais aussi avec les organismes français et italiens, le CNRS (Jean-Gabriel Ganascia/programme Info-éthique du CNRS, Jean-Michel Salaun/CNRS RTP-doc), du CNR (Stefano Trumpy), de l’INRIA et W3c (Vincent Quint, Oreste Signore), de l’ISOC (Sébastien Bachollet), de l’ICANN (Richard Delmas), du Forum Italien des technologies (Giorgio Pacifici) et de l’ENS-lsh (Françoise Massit Follea).
Il a pu ouvrir largement les collaborations internationales (c'est l'échelle de l'Internet!), dans le cadre européen qui est naturellement le sien, notamment exprimé par la présence de M. Richard Delmas de la Direction de la Société de l'Information à la Commission européenne, de Bernard Benhamou (représentant M. Jean-Michel Hubert du SIMSI), ou le monde de l’entreprise avec Mme Catherine Gabay (MEDEF).
C'était aussi le sens du soutien du Ministère des Affaires étrangères et de son programme "D'Alembert" destiné à promouvoir le débat d'idées dans le monde.
Nul doute que ces travaux et débats auront des suites, y compris au cœur du Sommet mondial de la société de l'Information qui se tient prochainement à Tunis. Le conseiller culturel, Delphine Borione a, à cet égard, rappelé combien il était de la responsabilité de chacun de mesurer tous les effets de la fracture numérique justement dénoncée par ce sommet.
Il ne faut pas se le cacher, les enjeux majeurs à venir de l'Internet se joueront sur les "couches" les plus hautes des régulations et des contenus, celles qui requièrent une confiance maîtrisée dans l'information, la création, les services et la connaissance permis par Internet. Jean-Gabriel Ganascia l’a particulièrement montré dans l’administration et les relations de travail. Gérard Wormser a précisément rappelé comment le droit s’est toujours adapté aux mutations éditoriales et techniques (et non l’inverse), par exemple celles liées à la Révolution française et à la Révolution américaine.
La réaffirmation d’un espace de liberté accru, et moins réglementé, pour favoriser l’innovation et la création, y compris entreprenariale, est une preuve de confiance que doivent affronter les sociétés contemporaines pour tirer le plus grand parti des gains de productivité fabuleux du numérique. Certes des pratiques très diverses sont en jeu, des développements techniques et logiques encore inédits sont requis (le Web sémantique, la traduction, etc). Mais derrière les stratégies industrielles et commerciales des moteurs de recherche par exemple (François Bourdoncle/Exalead), ce sont nos visions du monde et de la connaissance qui se déterminent. C'était aussi le sens du soutien des nombreux organismes de recherche et de formation impliqués, au premier titre duquel le CNRS et ses programmes sur le document numérique et sur l'info-éthique.
Comme l'avait envisagé en juin dernier Jean-Michel Salaun du CNRS et professeur à l’ENSSIB, maintenant en charge de l'Ecole des sciences de l'Information et des bibliothèques de Montréal, ces travaux ont montré qu'ils pouvaient être la matière d'un enseignement de haut niveau, par exemple un Master international. Il reviendra aux différentes instances universitaires, italiennes ou françaises, impliquées dans ce colloque d'en concrétiser les promesses.
Il faut maintenant diffuser le plus largement possible les acquis de ces travaux. Si le public "physique" des étudiants, des chercheurs, des universitaires n'était pas toujours au rendez-vous, à Rome, à Venise, inversement l'audience en ligne de ce colloque n'a cessé de se développer tout au long de ces mois, en plusieurs langues, et dans de nombreux pays. Les textes et contributions seront largement mis en dépôt sur de nombreux sites, et en premier sur celui du réseau culturel français en Italie, www.france-italia.it et sur le serveur CCSD ArchivSic. L'idée d'une publication de synthèse fait elle aussi son chemin, dès lors que des co-éditeurs (La revue « Sens Public », le Forum italien des technologies, etc.) auront défini le bon format.
Qu'il soit permis enfin de remercier les innombrables bonnes volontés (au premier chef celle d’Aurélie Chêne) qui ont permis, avec tant de compétence, de gentillesse et d'efficacité, l'organisation et la réussite logistique de ces journées. De même, tous ont apprécié la qualité de l’accueil et de l’équipement technique de la salle du Future Centre de TelecomItalia de Venise, que nous remercions. Il en est de même pour d’autres sponsors, Altran, Air France, Pierre et Vacances, etc. Sans eux ces journées n’auraient pas été possibles.
Résumé : Une réflexion éthique, liminaire à toute préoccupation normative, juridique ou politique, doit continuer à se développer en Europe, souvent en retard sur l’état des questions posées par de nombreux penseurs américains. Elle doit notamment approfondir la question des libertés liées au développement d’Internet, qu’il s’agisse des ressources physiques du réseau (contrôle industriel et commercial, interopérabilité…), des couches logicielles (éthique du logiciel libre, respect de l’innovation technologique et scientifique, etc…), ou enfin des couches supérieures des contenus sémantiques (liberté des services, des accès, des interactions humaines, etc.) nécessaire à la création culturelle.
Ces réflexions permettront d’éclairer les nombreux débats réglementaires, de régulation, sinon d’ordre juridique, d’un jour nouveau, en phase avec les fantastiques capacités d’évolution et de croissance du réseau.
Le réseau culturel français dans le monde peut être un terrain privilégié de cette réflexion, notamment autour du site www.ideesdefrance.fr. Ici encore, les idées, soutiens et initiatives de tous les intervenants sont les bienvenues.
Cf http://www.france-italia.it
Delphine BORIONE, conseiller culturel
Yannick MAIGNIEN, responsable du Bureau du Livre et des médiathèques
Service culturel de l’ambassade de France en Italie - BCLA
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